* Si la France est depuis longtemps une terre d’immigration, les Français ont peu émigré à l’étranger. Historiquement, la France n’a eu qu’une seule colonie de peuplement : l’Algérie. * Aujourd’hui, la mondialisation ouvre la société française vers l’extérieur et un peu plus de 2 millions de Français vivent à l’étranger. * Les Français vivant à l’étranger forment un groupe de plus en plus nombreux et diversifié.
Problématique : Quelles sont les motivations et les nouvelles destinations des Français vivant à l’étranger ?
I. Des expatriés de plus en plus nombreux aux profils divers.
* Le nombre de Français inscrits sur le Registre des Français établis hors de France n’a cessé d’augmenter depuis 1990 :
en 1995 : 900 000 de Français vivent à l'étranger
en 2011 : 1 600 000 de Français vivent à l'étranger.
=> +70% environ.
* Le « portrait robot » du Français vivant à l’étranger :
Les 2/3 sont des hommes, plutôt jeunes puisque la moitié a moins de 30 ans, qui occupent des postes de cadres supérieurs ou d’employés.
La moitié travaille pour une filiale d’entreprise française ou pour une entreprise locale et ce sont des salariés plutôt bien payés.
Presque la moitié part moins de 3 ans.
Un peu plus de la moitié sont mariés ou vivent en couple.
Les ¾ vivaient en France avant.
La ½ déclare s’être expatriée plus pour quitter la France que pour raison professionnelle.
Presque tous se disent satisfaits de l’accueil qui leur a été fait et ont noué des relations avec les locaux.
Les craintes liées à l’expatriation ont progressé du fait de la montée des menaces terroristes ou de la dégradation des situations politiques ou économiques sur certains de leurs lieux de travail (cf. crise en Côte d’Ivoire par exemple).
* Ce portrait robot un peu schématique cache en réalité un grand nombre de situations très différentes :
Les employés par une entreprise locale ; souvent l’objectif est de compléter une carrière professionnelle, ou de changer de voie => environ 50% des Français vivant à l’étranger.
Les « détachés » temporaires (en général deux ou trois ans) par une administration ou une entreprise française qui demeure leur employeur après l’expatriation => environ 1/3 des Français vivant à l’étranger, mais en baisse depuis une vingtaine d’année.
Les étudiants qui viennent compléter un cursus universitaire tout en apprenant parfois une nouvelle langue, les créateurs d’entreprise et les professions libérales regroupant chacun environ 10% des Français vivant à l’étranger.
=> A ces situations, il faut ajouter celle des binationaux = ils possèdent la nationalité française et celle du pays de résidence. Ils s’installent pour une durée beaucoup plus longue, voire même de façon définitive quand le pays d’accueil offre des conditions jugées satisfaisantes (notamment payer moins d’impôts qu’en France. Ils sont de plus en plus nombreux.
II. Les destinations des expatriés, reflet de nouvelles mobilités.
* A l’échelle continentale :
Deux pôles majeurs
L’Union européenne à 27 qui accueille près de la ½ des expatriés => cela s’explique par la proximité géographique et culturelle, mais aussi le réseau de transport dense.
L’Amérique du Nord = Etats-Unis et Canada dont le Québec francophone => Proximité culturelle, important réseau de transport, rêve américain.
=> Ces deux espaces cumulés accueillent au total les 2/3 des expatriés français.
Toujours à l'échelle continentale :
Les régions traditionnelles de l’expatriation françaises = Maghreb + Afrique subsaharienne francophone n’accueillent plus qu’une minorité de Français expatriés.
L’Asie Océanie, l’Europe de l’est et l’Afrique subsaharienne non francophone sont les trois régions qui enregistrent les plus fortes progressions => cela témoigne d’une réorientation de l’expatriation française à cause de l’internationalisation des firmes transnationales françaises.
* A l’échelle des Etats, 4 destinations se détachent nettement : la Suisse, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne => proximité géographique et culturelle. Les métropoles sont les principaux espaces d’accueil : Londres ou New York => certains estiment que Londres, avec 300 000 Français serait la 6ème ville de France.
III. Les expatriés : un groupe organisé.
* Les activités des expatriés sont encadrées par un solide réseau institutionnel public :
Nombreuses ambassades ou consulats.
Etablissements français à l’étranger présents sur tous les continents et dans beaucoup de pays. Leur implantation reflète à la fois l’ancien déploiement de la présence française avec, par exemple, la présence de plus de 70 lycées en Afrique, et les mutations en cours avec le déploiement d’établissements en Europe et en Amériques.
Le réseau des Centres Culturels et Instituts Français.
Clubs et associations aidant les nouveaux arrivants.
* Il existe des organisations professionnelles spécifiques comme les Chambres de Commerce et d’Industrie Françaises à l’étranger qui aident les entreprises françaises à s’implanter ou à se développer.
* Les expatriés demeurent des Français et peuvent donc voter dans les consulats pour les élections présidentielles, aux élections européennes ainsi qu’aux municipales de leur résidence s’ils résident dans un pays de l’UE. Enfin, ils élisent une Assemblée des Français à l’étranger qui a pour rôle d’informer le gouvernement français des avis formulés par les Français expatriés.
Conclusion
Si les espaces concernés, les personnes et les activités diffèrent aujourd’hui très sensiblement de l’expatriation traditionnelle, les progrès et le redéploiement de la présence française dans le monde montrent une France dynamique et ouverte de plus en plus insérée dans la mondialisation.