L'Afrique, les défis du développement
Première partie :
Etude de cas - Le Sahara : ressources, conflits
Introduction : présentation et délimitation du Sahara
.
* Le Sahara s’étend de l’océan Atlantique à la mer Rouge, du Maroc et de la Mauritanie à l’Egypte et au Soudan. C' est la plus grande étendue désertique au monde : il compte 8,5 millions de km2, s’étend sur une dizaine de pays et est aujourd’hui peuplé de plus de 10 millions d’habitants.
* Cet immense espace demeure difficilement accessible. Pourtant, il connaît des dynamiques liées à la mondialisation : ses nombreuses ressources sont devenues stratégiques à l’échelle mondiale et attirent les puissances étrangères.
* Le Sahara un milieu diversifié.
* Le Sahara s’étend de l’océan Atlantique à la mer Rouge, du Maroc et de la Mauritanie à l’Egypte et au Soudan. C' est la plus grande étendue désertique au monde : il compte 8,5 millions de km2, s’étend sur une dizaine de pays et est aujourd’hui peuplé de plus de 10 millions d’habitants.
* Cet immense espace demeure difficilement accessible. Pourtant, il connaît des dynamiques liées à la mondialisation : ses nombreuses ressources sont devenues stratégiques à l’échelle mondiale et attirent les puissances étrangères.
* Le Sahara un milieu diversifié.
Vue d’Europe, le Sahara paraît être avant tout un lieu de multiples conflits, et les événements des années 2010 (printemps arabe, guerre au Mali...) renforcent cette impression.
Problématique : Pourquoi les ressources du Sahara sont-elles à la fois facteurs de développement et de conflits ? Quels sont les enjeux économiques et géopolitiques de l’ensemble saharien ?
I. Un espace de fortes contraintes, mais disposant de ressources
A. Un espace marqué par des contraintes importantes
* 1ère contrainte : le climat :
- L’aridité est forte : le bilan hydrique (la différence entre les précipitations et l’évaporation) est déficitaire, cela veut dire que l’eau qui tombe sous forme d’orages très brefs s’évapore pour l’essentiel.
- L’amplitude thermique (différence entre la température la plus élevée et la plus basse) est considérable : du matin au soir, la température peut passer de 5° à 60°
- Pas de végétation naturelle : obstacle pour la pratique de l’agriculture.
- Les tempêtes de sable sont nombreuses dans les régions sableuses notamment
B
* 2ème contrainte : les distances très importantes :
B. Mais un espace riche en ressources naturelles
Ressource naturelle : matière première utilisée et transformée par les sociétés humaines. Pour être exploitée, elle doit être accessible et rentable ; elle dépend donc des capacités techniques des sociétés à l’exploiter.
*Les ressources non renouvelables
Ressources non renouvelables : ressources qui ne se reconstituent pas.
* 2ème contrainte : les distances très importantes :
- Environ 2000 km du Nord au Sud
- Environ 6000 km de l’Ouest à l’Est
B. Mais un espace riche en ressources naturelles
Ressource naturelle : matière première utilisée et transformée par les sociétés humaines. Pour être exploitée, elle doit être accessible et rentable ; elle dépend donc des capacités techniques des sociétés à l’exploiter.
*Les ressources non renouvelables
Ressources non renouvelables : ressources qui ne se reconstituent pas.
Le Sahara dispose de nombreuses ressources non renouvelables :
- Des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel)
- Des minerais (uranium, fer, cuivre, phosphates)
- Des nappes phréatiques fossiles (aquifères) : nappes d’eau mais dont la reconstitution se fait très très lentement à au Sahara peut mettre des millénaires, donc non renouvelables à l’échelle humaine.
- Pour le pétrole : potentiel de l’Algérie et la Libye
- Pour l’uranium : dotation exceptionnelle du Niger qui est en train de devenir le 3e producteur mondial en 2014 (derrière Kazakhstan et Canada) grâce à de nouvelles mines à ciel ouvert découvertes depuis la fin des années 1960 et beaucoup de mines découvertes fin années 2000 qui commencent à peine à être exploitées.
* Les ressources renouvelables
Ressources renouvelables : ressources capables de se reconstituer.
Les contraintes climatiques sahariennes peuvent devenir des atouts si les énergies renouvelables sont correctement exploitées car :
- Le potentiel énergétique solaire est important.
- Le potentiel énergétique éolien est important.
=> Le Sahara dispose donc de ressources considérables qui attisent la convoitise des puissances étrangères et amènent à insertion dans la mondialisation (preuve qu’aucun territoire exclu du processus si on prend la peine d’y regarder de plus près)
II. Un espace de circulation convoité
Pendant la période coloniale et dans les débuts de la période post-coloniale : les régions sahariennes de ces jeunes Etats étaient délaissées et les activités éco industrielles et tertiaires continuaient de se concentrer sur les littoraux ou dans les régions proches littoral (lourd héritage de la colonisation). Mais depuis une vingtaine d’années les Etats s’intéressent de plus en plus à leur marge saharienne, ce qui entraîne une multiplication des activités économiques et des flux dans ces zones auparavant délaissées et mises en valeur par les nomades.
A. Les activités agricoles traditionnelles et nouvelles
*Activités traditionnelles.
Les nomades sahariens, par exemple les Touaregs, pratiquent principalement l’élevage (chameaux mais aussi bovins, ovins et caprins selon les régions) mais aussi les cultures sèches (mêmes s’ils se déplacent). Leur fonctionnement est cyclique et adapté au climat de la région : ils connaissent les lieux les plus adéquats en saison sèche et en saison des pluies (en saison sèche, ils se rapprochent souvent des oueds). Ils connaissent les points d’eau et posent leur campement à proximité, les troupeaux sont lâchés en liberté et tournent dans un périmètre de 5 à 6 km.
II. Un espace de circulation convoité
Pendant la période coloniale et dans les débuts de la période post-coloniale : les régions sahariennes de ces jeunes Etats étaient délaissées et les activités éco industrielles et tertiaires continuaient de se concentrer sur les littoraux ou dans les régions proches littoral (lourd héritage de la colonisation). Mais depuis une vingtaine d’années les Etats s’intéressent de plus en plus à leur marge saharienne, ce qui entraîne une multiplication des activités économiques et des flux dans ces zones auparavant délaissées et mises en valeur par les nomades.
A. Les activités agricoles traditionnelles et nouvelles
*Activités traditionnelles.
Les nomades sahariens, par exemple les Touaregs, pratiquent principalement l’élevage (chameaux mais aussi bovins, ovins et caprins selon les régions) mais aussi les cultures sèches (mêmes s’ils se déplacent). Leur fonctionnement est cyclique et adapté au climat de la région : ils connaissent les lieux les plus adéquats en saison sèche et en saison des pluies (en saison sèche, ils se rapprochent souvent des oueds). Ils connaissent les points d’eau et posent leur campement à proximité, les troupeaux sont lâchés en liberté et tournent dans un périmètre de 5 à 6 km.
* Nouvelles activités agricoles : l'irrigation.
Activités agricoles irriguées dans le Sahara. Développées en Algérie notamment pour montrer que l'Etat est capable de maîtriser son territoire (car peu rentables en réalité) : pompage très peu durable des aquifères fossiles et irrigation rotative par pivot (rappel cours de 2nde nourrir les hommes…).
Vidéo de propagande d’une chaîne algérienne car l'Etat veut vendre les pivots made in Algérie a priori.
B. De nouveaux enjeux économiques liés à la mondialisation
* L’exploitation des ressources énergétiques attise la convoitise des FTN.
=> Des FTN originaires de pays de plus en plus diversifiés interviennent au Sahara pour extraire les matières premières et en organiser le commerce.
Depuis longtemps, les entreprises européennes sont des acteurs incontournables au Sahara
- ex : Total pour la France (pétrole) et Areva (uranium, NB le Niger est le premier fournisseur d’uranium pour fonctionner nos centrales)
- Ex : Repsol pour l’Espagne
Mais, les entreprises nationales d’Afrique du Nord jouent aussi un rôle important.
- ex : Sonatrach pour l’Algérie. L’Etat algérien fait exploiter la plus grande partie des gisements du Sahara par cette entreprise nationale pour “des raisons de contrôle stratégique de cet arrière pays”.
Depuis peu, la Chine est également devenue un acteur puissant. Elle consomme plus de pétrole qu’elle n’en produit et doit donc assurer son approvisionnement => elle finance de vastes projets, comme au Niger (une cinquantaine de puits, une raffinerie, un oléoduc). Ses entreprises jouent donc un rôle grandissant au Sahara
- ex. Pétrochina en Libye
- Pour l’uranium les entreprises chinoises font de plus en plus concurrence à Areva pour le partage de l’uranium au Niger (il faut dire que la Chine a actuellement plus de 100 réacteurs nucléaires en construction sur son territoire donc il faut bien les faire fonctionner…)
* Autre nouvel enjeu économique : Le tourisme.
Le Sahara est un univers dépaysant qui est l’objet de fascination à essor récent du tourisme.
- Principalement tourisme d’aventure qui concerne des populations aisées des pays développés : voir brochure "terre d’aventure".
- Sur les limites Nord du Sahara en Tunisie et en Egypte notamment : les touristes balnéaires et les croisières sur le Nil
- Globalement : Tourisme concerne essentiellement les zones sableuses du Sahara (rappel : qui sont pourtant minoritaires) et les massifs montagneux (Hoggar en Algérie ou Atlas saharien au Maroc)
- Mais : tourisme en perte de vitesse ces dernières années à cause des enlèvements terroristes.
* Dernier enjeu économique : les trafics illicites de plus en plus complexe
Produits illicites circulent dans le Sahara : la drogue, les armes, les voitures volées ou les cigarettes de contrebande traversent cet espace pour alimenter ensuite l’Europe. Les armes : viennent des zones de conflit, de guerre civile (ex. Algérie « années noires » rappel)
Les flux souvent contrôlés par des groupes mafieux de mieux en mieux organisés y compris par les réseaux colombiens ou mexicains qui utilisent le Sahara pour faire transiter les produits vers les pays consommateurs (adaptent constamment les trajets)
On voit même se dessiner une forme de gangstero-djihadisme : Mokhtar Belmokhtar, un chef islamiste algérien, est surnommé « Mister Marlboro »
C. Des enjeux migratoires
* Les frontières poreuses du Sahara voient transiter des migrants venus du Sud. Certaines villes sont même devenues des villes-relais où les passeurs sont nombreux
- ex : Gao au Mali
- ex : Tamanrasset en Algérie
Source : Cairn.info
Ces migrants ont pour but de se rendre vers la Méditerranée pour la traverser. Les pays de l’UE depuis quelques années passent des accords avec pays du Maghreb pour arrêter les migrants au cœur du désert
* A l’intérieur des pays les nouvelles activités économiques entraînent l’exode rural et la croissance de villes aux portes du désert.
=> Le Sahara est un espace traversé par des flux de nature très diverse, dans lequel les ressources naturelles sont de plus convoitées. Cela entraine des tensions, voire même des conflits.
III. Des tensions et des conflits de natures diverses.
A. Des frontières artificielles sources de conflits.
* Les frontières ont été héritées de la colonisation.
Dès le XIXe siècle, les Européens se partagent l’Afrique => Le Sahara est divisé entre les différents empires coloniaux. Puis, dans les années 1960, le Sahara est touché par la décolonisation et les accords de décolonisation instituent alors le principe d’intangibilité des frontières (= elles ne peuvent pas être modifiées) => ceci explique que le découpage des Etats correspond davantage aux Empires coloniaux qu’aux réalités du peuplement du Sahara.
=> Conséquence : certaines frontières sont encore l’objet de disputes aujourd’hui comme le cas du Sahara occidental.
* A l’intérieur des pays les nouvelles activités économiques entraînent l’exode rural et la croissance de villes aux portes du désert.
=> Le Sahara est un espace traversé par des flux de nature très diverse, dans lequel les ressources naturelles sont de plus convoitées. Cela entraine des tensions, voire même des conflits.
III. Des tensions et des conflits de natures diverses.
A. Des frontières artificielles sources de conflits.
* Les frontières ont été héritées de la colonisation.
Dès le XIXe siècle, les Européens se partagent l’Afrique => Le Sahara est divisé entre les différents empires coloniaux. Puis, dans les années 1960, le Sahara est touché par la décolonisation et les accords de décolonisation instituent alors le principe d’intangibilité des frontières (= elles ne peuvent pas être modifiées) => ceci explique que le découpage des Etats correspond davantage aux Empires coloniaux qu’aux réalités du peuplement du Sahara.
=> Conséquence : certaines frontières sont encore l’objet de disputes aujourd’hui comme le cas du Sahara occidental.
Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole. Cette région est peuplée par les Sahraouis, des nomades. En 1975, l’Espagne se retire et le Sahara occidental est alors en grande partie annexé par le Maroc, mais les Sahraouis réclament l’indépendance et forment un mouvement nationaliste. Depuis les années 1990, l’ONU tente de mettre fin au conflit, mais la situation reste très tendue, car le Maroc refuse de renoncer à sa souveraineté sur cette région pour des raisons stratégiques (ouverture maritime et territoriale) et économique (présence de mines de phosphate, possible présence de gisements d’hydrocarbures offshore).
B. La rébellion des peuples nomades : cas des touaregs
* Les peuples nomades font face à divers problèmes : difficultés à pratiquer leurs activités d’élevage face à la progression de l’agriculture sédentaire au Sahara (encouragée par les Etats) et par les gisements exploités de minerais et d’hydrocarbures. Les contrôles aux frontières les empêchent de suivre leurs trajets habituels et sont contraints de se replier vers les terrains de parcours les plus arides.
*Les touaregs sont des habitants du Sahara central et de ses bordures. Ils sont souvent nomades. Au moment de la décolonisation, ils cherchent à imposer leur indépendance et à créer un Etat séparant le Maghreb de l’Afrique subsaharienne, mais ils ne l’obtiennent pas à Depuis ils sont souvent des laissés pour compte dans les Etats dans lesquels ils vivent et ils sont pris en étau.
=> Depuis les années 1990, ils se révoltent et réclament ++ ouvertement leur indépendance : drapeau touareg arboré par les combattants.
*Les touaregs sont des habitants du Sahara central et de ses bordures. Ils sont souvent nomades. Au moment de la décolonisation, ils cherchent à imposer leur indépendance et à créer un Etat séparant le Maghreb de l’Afrique subsaharienne, mais ils ne l’obtiennent pas à Depuis ils sont souvent des laissés pour compte dans les Etats dans lesquels ils vivent et ils sont pris en étau.
=> Depuis les années 1990, ils se révoltent et réclament ++ ouvertement leur indépendance : drapeau touareg arboré par les combattants.
C. Un espace de plus en plus déstabilisé par le terrorisme
Le Sahara est un nouveau front de guerre contre le terrorisme international, car plusieurs groupes islamistes y exercent une activité intense.
- Le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, cad un territoire dans le Nord du Mali)
- AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique) à une organisation islamiste armée affiliée au réseau Al Qaida, née en 2007.
En janvier 2013, la France est intervenue au Mali : opération SERVAL.
=> Difficulté des négociations : le MNLA est subdivisé en plusieurs sous-groupes ethniques, qui ont du mal à s’entendre et se coordonner (rivalités croissants)
Conclusion
* Le Sahara est à la fois un espace contraignant et un espace aux potentialités importantes.
* La forte demande en matières premières, venue notamment des pays émergents, conduit à l’exploitation de nouveaux gisements dans cet immense désert.
* Mais l’exploitation de ces ressources contribue à attiser des tensions et des revendications, car les peuples vivant dans le Sahara ne bénéficient pas suffisamment des retombées de ces nouvelles activités économiques.
- La France obtient rapidement un mandat de l’ONU pour cette intervention. Elle est soutenue par des Etats africains (principalement proches Mali) et par RU et USA sur le plan logistique.
- Ses ennemis sont les djihadistes du MNLA, d’AQMI, mais aussi des rebelles touaregs qui se sont trouvés des revendications communes : en ont assez que le Nord du Mali soit délaissé par l’Etat au profit de la région de Bamako, pas seulement un problème religieux.
- Cette opération a été un succès dans un 1er temps : reconquête Nord Mali. Mais en fait le problème n’a pas disparu, les activités terroristes se sont maintenues. En fait cette intervention militaire extérieure n’a pas réglé les graves problèmes politiques au Mali, pays dans lequel l’Etat est faible et corrompu, et dans lequel les populations du Nord restent sous représentées.
=> Difficulté des négociations : le MNLA est subdivisé en plusieurs sous-groupes ethniques, qui ont du mal à s’entendre et se coordonner (rivalités croissants)
Conclusion
* Le Sahara est à la fois un espace contraignant et un espace aux potentialités importantes.
* La forte demande en matières premières, venue notamment des pays émergents, conduit à l’exploitation de nouveaux gisements dans cet immense désert.
* Mais l’exploitation de ces ressources contribue à attiser des tensions et des revendications, car les peuples vivant dans le Sahara ne bénéficient pas suffisamment des retombées de ces nouvelles activités économiques.
Deuxième partie :
Les défis du développement et de la mondialisation en Afrique
Introduction
* Dans les pays du Nord, nombreux sont ceux qui continuent à avoir des préjugés sur le continent africain et à faire des généralités hâtives : beaucoup perçoivent l’Afrique comme un bloc uniforme, en « sous-développement » et exclu de la mondialisation.
* Pourtant, une étude plus poussée permet de nuancer fortement la situation. Ainsi, selon la géographe Sylvie Brunel, l'Afrique doit être pensée comme "un continent en réserve de développement".
Le continent est à la fois ancré dans un processus de développement, autrement dit d’amélioration des conditions de vie, et dans les échanges internationaux de différentes natures. L’accélération de la mondialisation permet des changements à l’échelle du continent africains ou à des échelles plus grandes, même si les problèmes sont encore nombreux à surmonter.
Problématique : Quelles sont les faiblesses et forces du continent africain face au développement et à la mondialisation ? Pourquoi est-il erroné de percevoir l’Afrique comme un ensemble homogène ?
I. Un continent faiblement développé à cause d’une insécurité politique…
A. Des indicateurs économiques et sociaux très bas, mais en progrès.
1. Au niveau économique.
* PIB=4.2% du PIB mondial en 2010
* 3% des échanges mondiaux car 78% des exportations africaines sont des matières premières contre 19% des produits manufacturés à l’inverse de la plupart des pays asiatiques ou d’Amérique latine. Pour les 2/3 des pays africains, les ¾ des exportations proviennent d’un ou 2 produits. Or les matières premières ont un prix moindre que les autres produits.
* 1.5% des IDE reçus du monde.
*L’Afrique est le continent qui reçoit le plus d’aides au monde ( PAS et aide publique au développement).
2. Au niveau social : des vies marquées par l’insécurité.
Bien qu’il existe de fortes disparités entre les pays, les indicateurs de développement sont les plus bas du monde :
- 50% de la pop vit avec – de 1.25$/j en 2008.
- Taux de chômage élevé (25%) mais à nuancer car beaucoup de travail informel.
- ½ hab vit dans un bidonville.
- Taux de scolarisation bas notamment chez les filles.
- 1/3 de la pop est sous-alimentée.
3. Mais des progrès récents.
* Depuis les années 2000, les pays africains connaissent une croissance de leur PIB relativement forte, de l’ordre de 2 à 6 % par an.
* Cette croissance est tirée par un petit groupe de pays, les " lions africains " (Afrique du Sud, Nigéria, Angola Maroc, l’Algérie et Égypte). Ces États représentent à eux seuls 60 % du PIB africain.
* Les PMA d’Afrique subsaharienne ont connu ces dernières années des taux de croissance parfois supérieurs à 5 % par an. Du coup, le taux de population vivant avec – de 1.25$/j a diminué (58% en 1996). De même la couche de ménages modestes solvable augmente et ces nouveaux consommateurs commencent à être vus comme un marché à prendre.
* Limite : cette croissance est
- Fragile et vulnérable aux aléas politiques
- Sans répercussion rapide sur la population preuve que le politique constitue ici un frein = « croissance sans développement ».
B. Une forte instabilité politique.
1. Des Etats instables et/ou défaillants => Carte 2 p. 247 : “L’instabilité politique en Afrique”, manuel Hachette Tle L/ES.
* De nouveau, un continent marqué par l’insécurité :
- Palmarès des coups d’Etats dans le monde.
- Cumul des conflits violents de tout ordre (frontaliers, séparatistes, guerre civile).
- Retour des combattants armés (RCA, Soudan, Nigéria…).
- Recrudescence d’actions terroristes (AQMI- Boko-Haram – Al-Shabbaab)
=> L’Afrique est le continent qui a reçu le plus d’interventions militaires de l’ONU depuis 1990.
* Causes multiples :
- Culturelles (diversité des peuples, religions).
- Economiques (appropriation des ressources)
- Politiques (contestation des frontières, clientélisme et corruption, absence de libertés).
2. D’où des populations mobiles.
* 20 millions d’Africains sont considérés comme migrants à l’heure actuelle dont 82% au sein du continent.
- Pour moitié ce sont des migrations économiques (notamment au travers du Sahara)
- Pour moitié (10.5M) des migrations forcées nées de conflits et guerres.
L’Afrique semble donc cumuler les handicaps en terme de développement mais on note une croissance économique dans certains pays ce qui témoigne d’une intégration dynamique dans la mondialisation.
II. …qui entre dans la mondialisation avec de nombreux defis.
A. Une intégration de plus en plus visible.
1. Des indicateurs à la hausse...
* En terme financier:
- IDE en croissance : venant de GB-Fce pour 1/3 mais de plus en plus de Chine, Inde, Brésil et Turquie.
- Echanges commerciaux avec exportations en hausse : majoritairement vers l’Europe pour 1/3 mais Chine devenu 1er partenaire ccial depuis 2010
* En terme d’infrastructures :
- Révolution numérique avec 90% des villes couvertes et 40% des campagnes
- Infrastructures de transports jusque-là ponctuelles et liées au passé colonial.
- Nouveau port de Djibouti
- Lignes TGV au Maroc
- 3 300 km routes et 8 000 voies ferrées au Congo
- avec l’existence d’une monnaie unique (franc CFA) au sein de l’Union Eco et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA -1994) qui regpe 8 Etats
- Accords de libre-échange passés au sein de la COMESA à Marché Commun de l’Afrique australe et orientale (Common Market for Eastern and Southern Africa). Créée en 1994 et comportant 19 Etats membres, cette organisation inter-gouvernementale a pour but de faciliter les échanges entre les Etats membres et avec les pays extérieurs, par des étapes progressives avec pour ambition le modèle de l’UE (rien que ça !). Pour l’instant seule une partie des Etats membres a supprimé les barrières douanières à l’intérieur du COMESA, n’ont pas encore harmonisé leurs tarifs avec l’extérieur : on peut donc parler de zone de libre-échange partielle mais pas encore de marché commun. A terme une monnaie commune pourrait être créée, mais on est encore très loin de cette étape vu que certains des Etats comme Egypte ou Libye sont déjà réfractaires à la ZLE. Les activités du COMESA touchent des secteurs tels que la sécurité, de l’environnement ou de l’agriculture ou le progrès social.
- La Banque africaine de développement : créée en 1964. Son but est de permettre de sortir de la dépendance du FMI.
- L’Union africaine née en 2002 : ne contient pas le Maroc car a été vexé que la République du Sahara occidental y soit reconnue. Sinon tous les Etats sont supposés y coopérer pour garantir l’installation de régimes démocratiques et le respect des droits de l’homme, ainsi que la sécurité. Par conséquent son fonctionnement est régulièrement entravé par l’exclusion temporaire des Etats où des gouvernements anticonstitutionnels se sont installés. Par exemple l’Egypte a été suspendue suite au coup d’état militaire de 2013 mais a déjà été réintégrée. Début 2015 seul la Centrafrique est exclue à cause du coup d’état des rebelles de la Séléka.
* En terme de criminalisation économique :
- La piraterie côtière et de pleine mer
- Le recyclage des déchets toxiques du Nord (déchets électroniques au Ghana et Nigéria)
- L’accentuation des narcotrafics et la production locale de drogues (cannabis, pavot, coca).
2. ... Qui témoignent d’une Afrique convoitée
* Car riche en :
- Energie comme hydrocarbures (12% des réserves mondiales), uranium (20% de la production mondiale - Niger, Namibie, Af du Sud), bois.
- Minerais divers (1/2 de la produciton mondiale du platine, cobalt, manganèse) ou précieux (or, ½ Production mondiale de diamants)
- Réserves agraires ( vente ou location de terres agricoles ou forêts non exploitées),
- Ressources paysagères avec tourisme sportif (désert- volcan Kilimandjaro), culturel (Egypte par ex), balnéaire (Maghreb, Mer Rouge, Mozambique, Madagascar, Seychelles), animalier (gde faune en Af du Sud, Kenya, Tanzanie).
* D’où une insertion dans la mondialisation qui est discutée : débat autour de la dépendance.
- En effet, l’Afrique semble avoir toujours été sous influence et dirigée par des puissances extérieures : trafic d’esclaves, des richesses par les musulmans à l’Est et au Nord, par les Européens avec le commerce triangulaire à l’Ouest puis la colonisation de tout le continent (sauf Ethiopie).
- Les indépendances des années 1950-60 ne mettent pas fin à cette économie de rente (= exploitation des richesses sans industrialisation donc sans modification de la structure productive) ni à la présence étrangère . Les FTN occidentales mais aussi de pays émergents sont en concurrence pour l’exploitation des ressources africaines => à tel point qu’on a pu parler de « Françafrique » puis de « Chinafrique » et d’ « Indafrique ».
- La dépendance de l’Afrique vis-à-vis des pays du Nord ne se résume pas aux investissements des FTN, mais aussi :
- aux aides au développement des pays du Nord, des organisations internationales (FMI ; Banque Mondiale, ONU), et des ONG qui sont fréquemment détournées par l’Etat.
- aux transferts d’argents des migrants africains vivant dans les PD, qui représentent parfois une part majeure du revenu des habitants. Ceci dit ces transferts peuvent avoir des effets très positifs sur le développement : ils peuvent permettre à une famille de créer une petite entreprise dans le pays d’origine. Ils peuvent aussi permettre de payer les dépenses d’éducation ou de santé, ou encore d’entretenir la demande.
B. Des défis nombreux à relever dans le cadre de la mondialisation.
1. Les défis économiques et sociaux face à la pression du nombre
* L’explosion démographique va se poursuivre.
- En Afrique subsaharienne, la fécondité se maintient 5-6 enfant par femme.
- Elle baisse cependant dans les villes (3), notamment grâce à des campagnes de sensibilisation au planning familial et s’est déjà stabilisée au Botswana, en Af du S et en Afrique du Nord : < 3 enf/fe.
* 2ème défi : pop jeune avec un âge médian de 21 ans en Afrique du Nord et 17 ans en Afrique subsaharienne.
* 3ème défi : pop de plus en plus urbaine : multipliée par 13 entre 1950 et 2010, aujourd’hui taux d’urbanisation = 40%, en 2050 50% attendu.
* Conséquences sociales : nourrir, éduquer, soigner, loger et donner un emploi ces pop tjs plus nombreuses.
* Conséquences économiques :
- Au niveau agricole : passer d’une agri extensive dépendante de la pluviosité à une agriculture intensive.
- Au niveau de la structure économique : sortir de la stricte logique de l’économie de rente pour accéder à l’industrialisation (comme en Asie de l’E et en Amérique Latine avec la remontée des filières). Cela passe aussi par le développement des infrastructures de transports, la simplification des administrations, et l’encouragement des initiatives locales
- Construire des organisations régionales efficaces face à l’UE, l’ALENA ou la Chine.
2. Le défi du développement durable face à la pression du nombre et la mondialisation.
* Face à la pression du nombre : les densités humaines ont été multipliées par 5 entre 1950 et 2010=> pression sur les ressources augmente notamment sur l’eau et les terres agricoles avec des pollutions des eaux, sols et air, la désertification (par surpâturage et déboisement) et la difficile gestion des déchets urbains.
* Face à la mondialisation : l’exploitation des ressources naturelles s’effectuent souvent sans précaution environnementale. Ex= pollution aux hydrocarbures dans le delta du Niger, déforestation en RDC pour les minerais, pêche industrielle au large des côtes du Sénégal au Libéria. Cette exploitation se fait au détriment des populations locales.
Limite : le défi du DD apparaît comme mineur au regard des défis précédents.
3. Le défi politique .
* Modifier la structure des Etats et des élites politiques.
3 grandes faiblesses peuvent être mises en valeur dans le domaine politique.
- Des régimes politiques souvent devenus dictatoriaux (après la décolonisation rédaction fréquente de constitutions démocratiques mais ensuite elles ont été modifiées, souvent pour donner des mandats à vie au président ex. au Zimbabwe le chef d’Etat Robert Mugabe a 93 ans et est au pouvoir depuis 1987…)
- Les rares démocraties souffrent toutes d’une grave corruption et d’instabilité (coups d’Etat très fréquents ex. 3 depuis la décolo en RDC, contestation des résultats d’élection ex. récemment en Côte d’Ivoire fin 2010 qui avait mené à une grave crise)
- Des frontières artificielles issues de la décolonisation : séparent des peuples qui auraient souhaiter cohabiter dans un même Etat, et mélangent des peuples qui ne s’entendent pas du tout.
* Accroître les libertés politiques.
Depuis les années 1990 on observe une « décompression autoritaire » : nombreux passages de régimes de parti unique au multipartisme avec élections libres, plusieurs ex d’alternances électorales (Bénin, Ghana, Sénégal), fin de l’apartheid en Af du Sud et révolution démocratique réussie grâce à Nelson Mandela. Ce processus de démocratisation n’est pas achevé avec des avancées (les Printemps arabes de 2011) et des reculs (montée de l’islamisme).
Ainsi l’intégration du continent africain, si elle soulève de nombreux défis, est en cours mais reste encore très inégale.
III. … et qui est inégalement touché par la mondialisation.
A. À l’échelle régionale : des espaces moteurs.
1. L’Afrique du Sud entraine l’Afrique australe
* A elle seule = 23 % du PIB africain. Les économistes la classent dans la catégorie des pays émergents. C’est le seul pays africain réellement intégré à la mondialisation, dans la mesure où il héberge les seules entreprises multinationales africaines. Johannesburg, la capitale économique, est une des seules villes mondiales d’Afrique et c’est la première place boursière du continent. Les activités économiques sont diversifiées et le pays a connu une forte tertiarisation de son économie. En tant que puissance, l’Afrique du Sud revendique une place permanente au Conseil de sécurité de l’ONU.
* Limite : toutefois, elle conserve encore des caractéristiques d’un pays en développement : les produits bruts représentent encore 40% des exportations du pays, le taux de chômage est important et, surtout, le pays est traversé par de très fortes inégalités socio-spatiales.
* Effet d’entrainement sur les pays limitrophes comme le Botswana. Pays qui a pu sortir de la liste des PMA africains en 1994. Cet État démocratique, dont la richesse se fonde sur le pétrole, les diamants et quelques minerais, a su gérer cette rente et développer d’autres secteurs, comme le tourisme. Alors qu’il était l’un des pays les plus pauvres au monde, le Botswana est devenu un État à revenus moyens. Certes, le pays comprend encore 30 % de pauvres et l’épidémie de sida y fait des ravages, mais le Botswana représente néanmoins un modèle de réussite.
2. Le Nigéria, moteur du Golfe de Guinée.
* Première économie d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le pays dispose de grandes entreprises et de banques, grâce à la manne pétrolière notamment. C’est également le troisième producteur de films au monde ("Nollywood") et sa diaspora est bien implantée dans le continent africain. Le pays exerce une influence diplomatique et politique sur toute la région et il aspire à devenir une puissance émergente : lorsqu’il a été question d’une ouverture du Conseil de sécurité des Nations-Unies, le Nigéria s’est immédiatement positionné comme l’État africain le plus puissant.
* Limite : cet immense pays de 170 millions d’habitants souffre également des traits du mal-développement (IDH : 0,448, 142e rang mondial).
3. L’Égypte et les États du Maghreb.
* Leur IDH est plus élevé que la moyenne du continent africain et leurs économies sont plus diversifiées que celles des pays d’Afrique subsaharienne. Leurs littoraux sont ouverts au commerce mondial et ces pays ont développé des infrastructures portuaires et/ou touristiques. À l’échelle de l’Afrique, ils peuvent donc être considérés comme des « pays riches ».
* Limite : ils ont eux aussi conservé des traits du mal-développement : déséquilibre des structures économiques, manque d’infrastructures, fortes inégalités socio-spatiales, etc. Enfin, les incertitudes politiques liées au printemps arabe rend leur situation incertaine et pèse sur certaines activités vitales, comme le tourisme en Tunisie ou en Égypte.
B. À l’échelle régionale : les périphéries marginalisées.
* Sur les 50 pays les plus pauvres de la planète, 33 sont des PMA d’Afrique subsaharienne.
* Leur croissance moyenne ces dernières années, située autour de 6 % par an, a surtout été alimentée par les exportations de pétrole et de minerais et a bénéficié à quelques pays comme l’Angola, le Tchad ou la Guinée. Ces bénéfices n’ont pas été réinvestis dans les infrastructures, le niveau de développement n’a pas augmenté et la manne n’a profité qu’à un petit segment de la population. La majorité des habitants, qui survivent grâce à l’agriculture, n’a tiré aucun bénéfice de cette rente. Et dans les États qui n’en bénéficient pas, le mal développement continue et les investissements diminuent les laissant en marge de la mondialisation.
* Néanmoins, plus du tiers des habitants de ces États vit avec moins de un dollar par jour. Ils étaient 44% il y a dix ans. Donc pas de fatalisme, l’exemple du Botswana le démontre aussi.
EXEMPLE : LE SIERRA LEONE (Afrique Ouest) en quelques données révélatrices…
- 180e sur le classement de l’IDH (0,33). Ce classement bas est particulièrement lié à la faiblesse espérance de vie (37 ans) et à une population qui dépasse rarement l’école primaire sur le plan de l’éducation.
- En moyenne encore 5 enfants par femme (pour compenser la mortalité infantile élevée) : le défi démographique est loin d’être relevé pour le moment.
- 2/3 environ de la pop vit sous le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour
- Economie essentiellement fondée sur l’exploitation du diamant au profit des pays du Nord (film TB avec Di Caprio BLOOD DIAMOND dans le contexte de la guerre civile de 1999 à passer la bande annonce ?) et l’agriculture vivrière.
- Dernière catastrophe en date montrant la grande vulnérabilité de ce pays sur tous les plans : épidémie d’Ebola qui a sévi en 2014.
C. Aux autres échelles.
1. Echelle continentale.
* Espaces moteurs : les littoraux qui concentrent les métropoles nationales, les infrastructures portuaires. Véritable interface.
* Périphérie marginalisée : intérieur des terres, pays enclavés c'est-à-dire sans ouverture maritime, espaces ruraux.
2. A l’échelle locale et notamment urbaine.
On observe une forte ségrégation socio-spatiale.
- Intégration des anciens quartiers coloniaux devenus des CBD (ex : quartier du plateau à Dakar ou à Abidjan, des centres patrimoniaux anciens devenus des zones touristiques (ex= médinas tunisiennes de Sousse, Tunis, ou les souks égyptiens), quartiers résidentiels des classes moyennes et aisées pourvues d’infrastructures de qualité (eau, électricité, supermarché, université…).
- Marginalisation des bidonvilles, qui accueille 62% de la pop d’ASS (15% pop Af du Nord). Certains sont immenses comme celui de Kibera à Nairobi au Kenya qui compte 1M d’hab sur 256 hectares (8 à 9 hab/chambre)
CONCLUSION
* L’Afrique n’est ni un continent immobile ni un continent homogène : c’est un ensemble pluriel et en constante mutation
* L'Afrique est un continent qui connaît des obstacles de développement surtout lié au facteur politique.
* C'est un continent qui se développe, même si l’insertion dans la mondialisation demeure assez dépendante de puissances extérieures.
* Mais le développement de ce continent est inégal et entraîne ainsi un accroissement des disparités de richesse et de développement à différentes échelles.
* L’Afrique n’est ni un continent immobile ni un continent homogène : c’est un ensemble pluriel et en constante mutation
* L'Afrique est un continent qui connaît des obstacles de développement surtout lié au facteur politique.
* C'est un continent qui se développe, même si l’insertion dans la mondialisation demeure assez dépendante de puissances extérieures.
* Mais le développement de ce continent est inégal et entraîne ainsi un accroissement des disparités de richesse et de développement à différentes échelles.