Correction analyse de documents
Caricature de David Horsey : « What a différence a day makes »
La puissance des Etats-Unis s’est affirmée tout au long du XXème siècle, mais sa construction n’a pas été linéaire. En effet, les Etats-Unis ont connu des moments de croissance qui leur ont permis d’augmenter leur rayonnement, mais aussi des crises qui l’ont fragilisé. Ces différents chemins de la puissance américaine sont évoqués dans la caricature de David Horsey publiée en 2011 et intitulée : « What a différence a day makes ». De gauche à droite, elle met en évidence de façon chronologique l’évolution de la puissance américaine de 1991 à 2011. Comment l’hyperpuissance américaine des années 1990 a-t-elle été remise en cause dans les années 2000 ? Les mandats de Bush et Clinton représentent l’âge d’or de cette hyperpuissance. Cependant, elle est rapidement remise en cause par les attentats du 11 septembre 2001 qui donnent le ton des années 2000 : les Etats-Unis se lancent dans une lutte contre le terrorisme.
Le 25 décembre 1991, Michaël Gorbatchev annonce sa démission instituant ainsi la fin de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Les Etats-Unis demeurent la seule superpuissance. Leur hégémonie est représentée à gauche de la caricature.
Afin de situer le contexte de la partie gauche, David Horsey dessine une banderole sur laquelle est écrit « Cold war is over, we won ! ». George Bush est le président américain qui célèbre la victoire des Etats-Unis dans la guerre froide et affirme dès lors la naissance d’un « nouvel ordre mondial ». Il met en évidence le passage d’un monde bipolaire, dominé par les deux superpuissances étatsunienne et soviétique, à un monde unipolaire où les Etats-Unis endossent désormais le statut de hyperpuissance.
Les Etats-Unis sont une hyperpuissance car n’ayant plus de concurrent, ils sont la seule puissance globale, c’est-à-dire une puissance qui en cumule tous les aspects. Sur la caricature, seule la puissance financière est symbolisée par une corne d’abondance dégorgeant de billets verts, couleur des dollars, et sur laquelle est écrit le nom de la bourse américaine : « Wall street ». Il est possible que le caricaturiste ait choisi de ne représenter que cet aspect de la puissance américaine car les années 1990 sont celles d’une croissance économique importante fondée notamment sur les flux de capitaux.
Les années 1990 sont des années radieuses, métaphorisées par un soleil dans lequel figure Bill Clinton, président américain de 1993 à 2001. L’idée de l’auteur est d’insister sur le fait que les Etats-Unis rayonnent alors sur le monde grâce la doctrine de l’enlargement développée par leur président. S’il cherche à développer l’économie de marché en favorisant la puissance économique des Etats-Unis, il entend aussi promouvoir la démocratie et les droits de l’homme dans le monde. Dès lors les Etats-Unis deviennent les « gendarmes du monde », garants de la liberté, valeur fondamentale des Etats-Unis. Ainsi, pour affirmer ses valeurs, l’armée américaine prend la tête de la coalition de la guerre du Golfe ou mettra fin au conflit dans les Balkans.
L’hyperpuissance américaine des années 1990 prend fin avec les attentats du 11 septembre 2001. Représentés au centre de la caricature, ils sont le tournant entre les années 1990 radieuses et les sombres années 2000.
David Horsey décide de séparer sa caricature en deux parties par les tours jumelles du World Trade Center en feu. Il représente ainsi les attentats du 11 septembre 2001 qui ont touché les symboles de la puissance américaine. Des avions ont été utilisés comme arme sur les cibles économique avec le World Trade Center, militaire avec le Pentagone et politique avec les attentas échoués visant la Maison Blanche.
Ces actes terroristes, revendiqués par Al Qaida, sont un tournant dans l’histoire américaine car ils mettent fin à l’hyperpuissance du pays en affichant sa fragilité. Le caricaturiste représente cette idée en dessinant l’Oncle Sam, allégorie des Etats-Unis, à genou et apeuré face à Oussama Ben Leader, chef du réseau terroriste islamiste représenté lui comme un vautour attendant la mort de sa proie.
Ces attentats révèlent au monde la montée de l’islamisme radical. Ce mouvement, qui cherche à faire de l’Islam la base de la vie sociale et politique, a vocation à s’étendre sur le monde musulman dans un premier temps, puis sur l’Occident. Leur premier adversaire sont les Etats-Unis qui, par leurs valeurs et leur mode de vie, représentent tout ce qu’ils critiquent.
Les attentats du 11 septembre révèlent la fragilité de l’hyperpuissance américaine. Face à leur ampleur, leur président, George W. Bush est obligé de riposter et déclare alors la guerre au terrorisme.
La dernière partie de la caricature contraste avec le reste par le fond sombre. L’objectif du caricaturiste est d’opposer les années radieuses de Clinton aux sombres huit années de mandat du président Bush. Pour matérialiser cette idée, il propose un fond noir peu éclairé par une lune métaphorisée par Bush. Alors que Clinton était un soleil souriant, Bush est une lune inquiète, au visage fermé.
Dans le ciel, des avions lâchent des bombes de façon continue. Ici, Horsey fait allusion à la guerre menée par les Etats-Unis au Moyen-Orient dans les années 2000. En 2001, l’administration Bush riposte aux attentats du 11 septembre en déclarant la guerre au régime taliban d’Afghanistan accusé d’abriter Al Qaida. Puis, en 2003, pour lutter contre la prolifération nucléaire et diffuser leurs valeurs, les Etats-Unis déclarent la guerre à l’Irak de Saddam Hussein. Avec cette guerre, la politique américaine évolue : alors que la guerre en Afghanistan est approuvée par l’ONU et respecte ainsi le multilatéralisme, celle en Irak marque le passage à l’unilatéralisme l’administration Bush passant outre le veto de la France et de la Russie.
L’unilatéralisme des Etats-Unis, les guerres au Moyen-Orient et les bavures commises par certains soldats comme celles à la prison d’Abou Grahib développent un anti-américanisme profond, illustré par la pancarte sur laquelle il est écrit : « Why do they hate us ? ». Ce sentiment est partagé par de plus en plus d’Afghans et d’Irakiens hostiles à la présence américaine sur leur territoire, mais aussi par beaucoup d’Occidentaux qui fustigent des Etats-Unis davantage intéressés par l’accaparement des ressources en hydrocarbures que par le développement des valeurs humanistes.
Afin d’éviter de nouveaux attentats et face au développement de l’anti-américanisme dans le monde, les Etats-Unis adoptent des mesures protectionnistes. Le caricaturiste met en évidence cette politique en dessinant une longue file d’attente à un contrôle d’aéroport. Les contrôles aux frontières sont en effet renforcés, de même que ceux concernant les Américains. Le Patriot Act permet en effet aux différents services de renseignement américains d’espionner sans contrainte les citoyens, oubliant ainsi le respect de la vie privée.
Vainqueurs de la guerre froide, les Etats-Unis en sortent comme la seule hyperpuissance dominant un monde désormais unipolaire. Les années Clinton sont l’occasion pour les Américains de s’afficher comme une grande puissance économique, mais aussi militaire et diplomatique en étant les « gendarmes du monde ». Alors qu’ils semblent inébranlables, les attentats du 11 septembre montrent leur fragilité au monde. Le président Bush déclare la guerre aux terroristes islamistes, puis à l’Irak. Cette politique extérieure développe l’anti-américanisme. Afin de diminuer celui-ci, Barack Obama, président depuis 2009, annonce la même année dans le Discours du Caire, un rapprochement avec le Moyen-Orient et le retrait des troupes en Irak pour 2012.