L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France
Pu
Introduction
* Accroche: Publication en 2003 de Régimes d'historicité. Présentisme et expériences du temps de François Hartog.
Introduction
* Accroche: Publication en 2003 de Régimes d'historicité. Présentisme et expériences du temps de François Hartog.
"Présentisme" : notre époque où le passé n’éclaire plus l’avenir, mais où il est instrumentalisé pour servir les émotions du présent. Il privilégie donc la mémoire à l’histoire.
* Définitions des termes du sujet :
* Définitions des termes du sujet :
- Mémoire : la faculté de se rappeler. Elle se construit, disparaît, change, se transmet par différents moyens : récit familial, films, actions, culture... Ce récit est porté par des individus et des groupes => elle est donc toujours subjective.
- Mémoires : à côté de la mémoire officielle, il y a les mémoires des différents acteurs de la Seconde Guerre mondiale.
Historien : le scientifique qui fait de l’histoire, suivant une méthode reconnue par ses pairs, qui valident son travail. Les sources historiques sont la base de son travail (écrits, images, témoignages, archéologie…) => L''Histoire recherche donc l'objectivité. - Seconde Guerre mondiale : 1939-1945, connaître la France dans la guerre.
En résumé :
* Problématique: Depuis la Libération, quels rapports les historiens ont-ils entretenu avec les mémoires de la Seconde Guerre mondiale ? De quelle manière l’historicisation des mémoires s’est-elle accomplie?
I. Une mémoire de transition ? Les mémoires au sortir du conflit 1945- années 1960.
* Présentation de la partie : autour de la séquence finale de 93 Rue Lauriston : téléfilm français de Denys Granier-Deferre, 2012.
=> Gestion de l’immédiat après guerre : laisser en place des personnes qui ont collaboré avec les Nazis pour permettre de reconstruire la France ou les condamner voire les exécuter => Le gouvernement préfère oublier.
A. Une mémoire officielle : le mythe résistantialiste et l'héroïsation des mémoires.
* « années noires » : expression utilisée par les historiens pour désigner les années 1940-1944 marquées par l’Occupation et le régime de Vichy
=> Henry Rousso, Syndrome de Vichy, 1987 : la France est malade de son passé.
A. Une mémoire officielle : le mythe résistantialiste et l'héroïsation des mémoires.
* « années noires » : expression utilisée par les historiens pour désigner les années 1940-1944 marquées par l’Occupation et le régime de Vichy
=> Henry Rousso, Syndrome de Vichy, 1987 : la France est malade de son passé.
* Il faut gérer l’après guerre :
- Épuration
- De Gaulle et gouvernement français veulent reconstituer l’unité nationale, développer une image d’une France combattante. Plusieurs moyens :
- 1er moyen : 1947, 1951 et 1953 : lois d’amnistie → fin de l’épuration.
- 2ème moyen : l'amnésie nationale
3ème moyen : Constitution d’une mémoire officielle mettant à l’honneur la France combattante et résistante => construction du mythe de la France résistante dans les années 1950-60, évoqué par Rousso dans Le Syndrôme de Vichy, évoque la naissance d’un “résistancialisme” dans l’après-guerre. Cela désigne le mythe gaulliste et communiste d’une France unanimement résistante.
Exemples :
Exemples :
- en 1964, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon → cérémonie diffusée à la radio, écoutée dans les lycées : extrait du discours d'André Malraux, Ministre de la Culture : "Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège".
- Mythe relayé par culture pop : Gérard Oury, La Grande Vadrouille, 1966. .
Tous les partis ont fait des héros : exemple de PCF
B. Une mémoire de Vichy déformée
* Robert Aron, Histoire de Vichy, 1954. Thèse du "Glaive et du bouclier" :
- "Glaive" : de Gaulle frappant l'Allemagne nazie
- "Bouclier" : Pétain protégeant, faisant de son mieux, malgré le peu de marges de manoeuvre laissé par les Allemands.
=> FAUX, thèse totalement réfutée aujourd'hui par les Historiens.
Document de la mémoire vychiste
C. L'oubli, une forme de mémoire ?
1. Les déportés juifs
* Ils posent la question de la responsabilité de l'Etat français
* Le Vel' d'hiv, lieu de la grande rafle de 1942 à Paris, sous la conduite des autorités françaises de Vichy, est détruit dans l'indifférence en 1959. Il reste aujourd'hui à l'emplacement de l'ancien vélodrome rue de Grenelle une plaque commémorative de cette rafle.
2. Les « Malgré-Nous »
* 1953, Procès de Bordeaux : juge les crimes commis par la division Das Reich le 10 juin 1944 : massacre d'Oradour-sur-Glane = 642 civils.
=> Vidéo : Oradour-sur-Glane : devoir de mémoire.
3. Le STO : Service de Travail Obligatoire
* 600 000 Français envoyés en Allemagne à se demande pour participer à l'effort de guerre. 25 000 à 30 000 meurent là bas.
4. Les Tsiganes
II. Des mémoires en éveil et l'historien au travail des années 1960 aux années 1990
A. L'éveil de la mémoire juive
* Médiatisation de la mémoire juive par des militants très actifs : "J'ai giflé le chancelier allemand Kiesinger, par Beate Klarsfeld".
II. Des mémoires en éveil et l'historien au travail des années 1960 aux années 1990
A. L'éveil de la mémoire juive
* Médiatisation de la mémoire juive par des militants très actifs : "J'ai giflé le chancelier allemand Kiesinger, par Beate Klarsfeld".
Le pr
Article faisant la biographie de Simon Wiesenthal, "chasseur de nazis".
* Le procès Eichmann, 1961, à Jérusalem.
Article faisant la biographie de Simon Wiesenthal, "chasseur de nazis".
* Le procès Eichmann, 1961, à Jérusalem.
* Des travaux d'historiens : Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, 1961.
* La vie culturelle : Shoah, de Claude Lanzmann, 1985.
=> En réaction à cet éveil de la mémoire juive, négationnistes se font entendre sur la scène médiatique = "assassins de la mémoire" pour Pierre Vidal-Naquet.
Négationnisme : une idéologie qui nie ou minimise la réalité du processus d'extermination des Juifs mis en place par les Allemands.
- Louis Darquier de Pellepoix : Commissaire général aux questions juives sous Vichy : "On a gazé les poux" en parlant des gazages d'Auschwitz.
- Robert Faurisson
Négationnisme : une idéologie qui nie ou minimise la réalité du processus d'extermination des Juifs mis en place par les Allemands.
- Louis Darquier de Pellepoix : Commissaire général aux questions juives sous Vichy : "On a gazé les poux" en parlant des gazages d'Auschwitz.
- Robert Faurisson
, H. Rous
B. « Vichy un passé qui ne passe pas », H. Rousso.
* M. Ophüls, Le chagrin et la pitié, 1971
B. « Vichy un passé qui ne passe pas », H. Rousso.
* M. Ophüls, Le chagrin et la pitié, 1971
* R. Paxton, La France de Vichy, 1973 : Vidéo INA "Robert Paxton, historien de la France de Vichy".
C. Le temps des procès
* 1987, Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon "Boucher de Lyon", à l'origine de l'arrestation de Jean Moulin + bilan humain lourd => Condamnation pour crime contre l'Humanité.
* 1998, condamnation de Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Bordeaux, a participé à la déportation des Juifs vers Drancy.
=> Rôle important des historiens dans ces procès, considérés comme des témoins par la Justice. Refus de certains comme Rousso :
"Je pense que l'historien ne peut pas être un témoin, explique Henry Rousso, et que sa capacité d'expertise s'accommode assez mal des règles et des objectifs qui sont ceux d'une juridiction de jugement. C'est une chose que de tenter de comprendre l'histoire dans le cadre d'une recherche ou d'un enseignement, avec la liberté intellectuelle que suppose cette activité, c'en est une autre que de le faire, sous serment, alors que se joue le sort d'un individu particulier. Enfin, ayant été cité contre ma volonté, avec une publicité que je déplore, et sans avoir au demeurant de rapports directs avec les faits incriminés, ajoute l'historien, j'ai de très fortes craintes que mon témoignage ne soit un prétexte pour instrumentaliser des recherches scientifiques ou des interprétations historiques, élaborées et formulées dans un tout autre contexte que celui d'une cour d'assises".
D’après Béatrice Valleys, Libération, 15 octobre 1997.
III. Devoir de mémoire, devoir d'histoire
Plaque commémorative en mémoire des "Justes de France".
=> Vidéo : Oradour-sur-Glane : devoir de mémoire.
A. Une demande sociale
* Pierre Nora, Les lieux de mémoire, 1984 => Présentation de l'ouvrage par l'auteur, vidéo INA. "Moment mémoire" que traverse la société.
* Obligation morale du devoir de mémoire.
* L'Etat s'empare du sujet => Vidéo : Oradour-sur-Glane : devoir de mémoire.
A. Une demande sociale
* Pierre Nora, Les lieux de mémoire, 1984 => Présentation de l'ouvrage par l'auteur, vidéo INA. "Moment mémoire" que traverse la société.
* Obligation morale du devoir de mémoire.
* L'Etat s'empare du sujet => Vidéo : Oradour-sur-Glane : devoir de mémoire.
Selon
B. Mémoire et politique
* François Mitterrand a toujours refusé de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs. Selon lui, ce n'est pas l'Etat qui était responsable, mais une minorité d'individus qui ont collaboré avec le régime nazi.
B. Mémoire et politique
* François Mitterrand a toujours refusé de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs. Selon lui, ce n'est pas l'Etat qui était responsable, mais une minorité d'individus qui ont collaboré avec le régime nazi.
* Tournant avec le Président Jacques Chirac : vidéo INA, discours à l'occasion du 53ème anniversaire de la commémoration de la rafle du Vel d'hiv' : "Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, secondée par l'Etat français".
À noter : contexte national particulier de la montée de l'extrême-droite et international avec la guerre en Bosnie.
C. Les historiens face au devoir de mémoire
* Lois mémorielles : loi Gayssot 1990, loi de reconnaissance du génocide arménien et loi Taubira en 2001.
*Justice reconnaît les "Malgré nous" comme des "victimes du nazisme" en 2010.