Sujet d’analyse de document - Le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale
Consigne : en analysant le document, identifiez et expliquez les facteurs qui font du Proche et Moyen-Orient un foyer de conflits.
Document - Introduction d’un rapport du Sénat français le 22 septembre 2008
Si l'Iran arrivait à se doter de l'arme nucléaire, comme l'Occident lui en prête l'ambition, une nucléarisation de l'ensemble de la région, qui n'a pas été déclenchée par la nucléarisation d'Israël, serait cette fois-ci à redouter.
Il y a ensuite, dans le temps long, un retour du religieux dans toute la région. [...] La réislamisation est vraisemblablement une mutation du « panarabisme1 », ce rêve de l'unité du monde arabe porté avec panache par Gamal Abdel Nasser, qui s'est fracassé sur les défaites de l'Égypte et de ses alliés arabes face à Israël. [...]
Vu de près, le tableau est plus nuancé. D'abord, parce que le fait nucléaire n'est pas une nouveauté au Moyen-Orient. Israël posséderait la bombe atomique depuis la fin des années 1960. [...] Ensuite parce que l'Islam ne désigne pas un camp, mais une religion qui divise autant qu'elle unit les pays musulmans de la région. [...]
En quoi la partie qui est en train de se jouer au Moyen-Orient concerne-t-elle l'Europe ? Il y a, bien sûr, l'énergie et les intérêts commerciaux. L'Europe dépend du Moyen-Orient pour ses importations de pétrole et de gaz. Inversement, l'Europe exporte quantité de biens et de services vers cette région. [...]
Il y a ensuite la sécurité. Le terrorisme inquiète de la même façon Européens, Américains et gouvernements du Moyen-Orient. De jeunes Européens prennent le chemin des madrasas2, au Yémen ou ailleurs, tandis que d'autres meurent dans des attentats au Caire, à Londres ou à Madrid.
Le Moyen-Orient à l’ère nucléaire, Rapport de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat français, page 9
Notes :
1 Panarabisme : mouvement intellectuel et politique visant à l’unification des peuples arabes qui apparaît au XIXe siècle. Il connaît son heure de gloire dans les années 1950, quand l’Egypte de Gamal Abdel Nasser, forte de son succès lors de la crise de Suez, tente d’incarner ce projet. Mais l’opposition des Occidentaux et des divisions internes mettent fin à cet espoir d’unité.
2 Madrasas : lieu d’enseignement religieux.
Consigne : en analysant le document, identifiez et expliquez les facteurs qui font du Proche et Moyen-Orient un foyer de conflits.
Document - Introduction d’un rapport du Sénat français le 22 septembre 2008
Si l'Iran arrivait à se doter de l'arme nucléaire, comme l'Occident lui en prête l'ambition, une nucléarisation de l'ensemble de la région, qui n'a pas été déclenchée par la nucléarisation d'Israël, serait cette fois-ci à redouter.
Il y a ensuite, dans le temps long, un retour du religieux dans toute la région. [...] La réislamisation est vraisemblablement une mutation du « panarabisme1 », ce rêve de l'unité du monde arabe porté avec panache par Gamal Abdel Nasser, qui s'est fracassé sur les défaites de l'Égypte et de ses alliés arabes face à Israël. [...]
Vu de près, le tableau est plus nuancé. D'abord, parce que le fait nucléaire n'est pas une nouveauté au Moyen-Orient. Israël posséderait la bombe atomique depuis la fin des années 1960. [...] Ensuite parce que l'Islam ne désigne pas un camp, mais une religion qui divise autant qu'elle unit les pays musulmans de la région. [...]
En quoi la partie qui est en train de se jouer au Moyen-Orient concerne-t-elle l'Europe ? Il y a, bien sûr, l'énergie et les intérêts commerciaux. L'Europe dépend du Moyen-Orient pour ses importations de pétrole et de gaz. Inversement, l'Europe exporte quantité de biens et de services vers cette région. [...]
Il y a ensuite la sécurité. Le terrorisme inquiète de la même façon Européens, Américains et gouvernements du Moyen-Orient. De jeunes Européens prennent le chemin des madrasas2, au Yémen ou ailleurs, tandis que d'autres meurent dans des attentats au Caire, à Londres ou à Madrid.
Le Moyen-Orient à l’ère nucléaire, Rapport de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat français, page 9
Notes :
1 Panarabisme : mouvement intellectuel et politique visant à l’unification des peuples arabes qui apparaît au XIXe siècle. Il connaît son heure de gloire dans les années 1950, quand l’Egypte de Gamal Abdel Nasser, forte de son succès lors de la crise de Suez, tente d’incarner ce projet. Mais l’opposition des Occidentaux et des divisions internes mettent fin à cet espoir d’unité.
2 Madrasas : lieu d’enseignement religieux.
Correction sujet d’analyse du document – Le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale
D’après Georges Mutin, géopoliticien spécialiste du monde arabe, « le Moyen-Orient est la zone la plus belligène du monde ». En effet, depuis la fin de la Première Guerre mondiale le Moyen-Orient, interface entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe, est une zone stratégique et donc de conflits. Le Rapport de la Commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, datant de 2008, présente les différents facteurs de tensions, voire d’affrontements dans la région. Ainsi, quels sont les facteurs qui font du Proche et Moyen-Orient une région de conflits ? Dans un premier temps, nous présenterons les facteurs géopolitiques qui opposent différents pays entre eux. Puis, les facteurs culturels seront abordés. Enfin, nous terminerons par les enjeux économiques liés aux ressources présentes dans la région.
Plusieurs types de facteurs font du Proche et du Moyen-Orient une région susceptible de s’embraser. Face à la montée des tensions dues à la nucléarisation de la région ou la montée du terrorisme, il est nécessaire de sécuriser la région. Les divisions religieuses qui peuvent déstabiliser la région accentuent aussi cette nécessité. De plus, forte de nombreuses ressources naturelles, la région est une régions stratégique pour l’Europe qui cherche à assurer ses approvisionnements.
D’après Georges Mutin, géopoliticien spécialiste du monde arabe, « le Moyen-Orient est la zone la plus belligène du monde ». En effet, depuis la fin de la Première Guerre mondiale le Moyen-Orient, interface entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe, est une zone stratégique et donc de conflits. Le Rapport de la Commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, datant de 2008, présente les différents facteurs de tensions, voire d’affrontements dans la région. Ainsi, quels sont les facteurs qui font du Proche et Moyen-Orient une région de conflits ? Dans un premier temps, nous présenterons les facteurs géopolitiques qui opposent différents pays entre eux. Puis, les facteurs culturels seront abordés. Enfin, nous terminerons par les enjeux économiques liés aux ressources présentes dans la région.
- Les facteurs géopolitiques.
- « Le fait nucléaire n’est pas une nouveauté dans la région », et la « nucléarisation de l’ensemble de la région » continue.
- « La nucléarisation d’Israël » : il existe une ambiguïté sur la possession d’armes nucléaires par Israël. L’Etat hébreu n’a jamais démenti ni confirmé sa possession d’armes nucléaires et les médias sont soumis à la censure sur ce sujet. En réalité, « Israël posséderait la bombe atomique depuis la fin des années 1960 », probablement grâce à l’aide de la France et des Etats-Unis.
- « Si l’Iran arrivait à se doter de l’arme nucléaire » : l’Iran cherche à posséder l’arme nucléaire depuis les années 2000. En 2002, la communauté internationale suspecte l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire (un opposant au régime révèle la construction d’un site d’enrichissement d’uranium) et en 2006, le président Mahmoud Ahmadinejad annonce que « l’Iran a rejoint les puissances nucléaires », mais qu’il se limitera à un usage civil. L’arrivée au pouvoir de Hassan Rohani en 2013 permet de relancer les négociations sur le nucléaire iranien et d’aboutir à un accord en juillet 2015 : en échange de la fin des sanctions économiques sur le pays, l’Iran s’engage à ne pas développer le programme nucléaire iranien et à accepter les contrôles.
- La peur de la communauté internationale est qu’une nucléarisation de l’Iran entrainerait la nucléarisation des ses alliés dans la région. La possibilité que le nucléaire militaire se répande alors par effet de dominos dans une région instable inquiète l’ensemble de la communauté internationale.
- La montée du terrorisme « inquiète de la même façon les Européens, Américains et gouvernements de du Moyen-Orient ».
- Attentats du 11 septembre 2001 : naissance du terrorisme de masse, terrorisme islamiste de masse qui inquiète aussi bien les pays occidentaux que ceux du Moyen-Orient car ils touchent les pays dans « des attentats au Caire, à Londres ou à Madrid ». Dans les années 2000, Al-Qaïda a revendiqué beaucoup d’attentats : au « Caire » en 2014, « Londres » en 2005 et « Madrid » en 2004. Dans les années 2010, c’est l’organisation Daech qui sème la terreur au Moyen-Orient (attentat en octobre 2015 en Turquie qui fait environ 100 morts et 250 blessés) et en Europe (attentats de Paris du 13 novembre 2015 qui font plus de 130 morts environ 450 blessés)
- La région du Moyen-Orient est la zone où se forme les djihadistes en prenant « le chemin des madrasas, au Yémen ou ailleurs », notamment en Syrie. Ainsi, de nombreux Européens radicalisés, notamment des Français ont pris le chemin du Moyen-Orient et rejoint Daech en Syrie ou en Irak. Aujourd’hui se pose la question de leur jugement : doivent-ils être jugés sur place, dans le pays de leur arrestation, ou rapatriés en France.
- « Le fait nucléaire n’est pas une nouveauté dans la région », et la « nucléarisation de l’ensemble de la région » continue.
- Les facteurs géoculturels.
- « Le retour du religieux dans toute la région », « réislamisation » : depuis les années 1970, la région connaît un essor des mouvements islamistes.
- Les Frères musulmans, organisation créée en 1928 en Égypte, qui souhaite créer une société sur les principes de l’Islam. Son émanation politique, « le Parti de la justice et la liberté », dirigé par Mohamed Mosri remporte les élections en 2012, avant d’être destitué par un coup d’Etat militaire en 2014 mettant au pouvoir Abdel Fattah, al-Sissi.
- En 1979, la révolution iranienne place au pouvoir l’ayatollah Khomeini chiite qui instaure une république islamique.
- Le Hezbollah, créé en 1982 au Liban, est un parti politique islamiste chiite qui a pour objectif de résister à la menace israélienne et qui propose dans sa charte l’application d’un programme politique.
- Le Hamas, mouvement palestinien créé en 1987, est un lui aussi un mouvement islamiste qui lutte pour la création d’un Etat palestinien.
- L’Islam est « une religion qui divise autant qu'elle unit les pays musulmans de la région » : division chiites et sunnites.
- Guerre Iran-Irak : opposition religieuse entre l’Iran chiite et l’Irak à majorité sunnite.
- Entre les monarchies du golfe sunnites comme l’Arabie Saoudite ou et l’Iran chiite.
- « La réislamisation est vraisemblablement une mutation du « panarabisme1 » » : l’essor des mouvements islamistes peut s’expliquer par l’échec du panarabisme.
- Mouvement qui cherche à unifier le peuple arabe et « porté avec panache par Nasser », président égyptien.
- Mouvement qui n’a pas survécu aux défaites successives des pays arabes contre Israël : première guerre israélo arabe, guerre de Six Jours, guerre de Kippour.
- « Le retour du religieux dans toute la région », « réislamisation » : depuis les années 1970, la région connaît un essor des mouvements islamistes.
- Les facteurs économiques.
- « Pétrole et gaz » : les ressources naturelles du Moyen-Orient sont nombreuses et abondantes.
- Le Moyen-Orient possède les 2/3 des réserves mondiales de pétrole et d’importantes réserves de gaz.
- Les richesses sont convoitées et donc un facteur de conflits : première guerre du Golfe, guerre en Irak de 2003.
- A ces ressources, on peut ajouter l’eau comme facteur de conflits à cause de sa rareté :
- Israël n’a toujours pas rendu le plateau du Golan pris ors de la guerre de Six Jours.
- Tensions entre la Turquie, l’Irak, la Syrie à propos des eaux du Tigre et de l’Euphrate.
- « Intérêts commerciaux » : les ressources du Moyen-Orient font de lui un partenaire commercial important de l’Europe.
- « L'Europe dépend du Moyen-Orient pour ses importations de pétrole et de gaz. Inversement, l'Europe exporte quantité de biens et de services vers cette région. »
- L’Europe doit sécuriser la région pour assurer son approvisionnement en ressources naturelles et ses exportations : nécessité de contrôler les passages stratégiques : détroit d’Ormuz, canal de Suez.
- « Pétrole et gaz » : les ressources naturelles du Moyen-Orient sont nombreuses et abondantes.
Plusieurs types de facteurs font du Proche et du Moyen-Orient une région susceptible de s’embraser. Face à la montée des tensions dues à la nucléarisation de la région ou la montée du terrorisme, il est nécessaire de sécuriser la région. Les divisions religieuses qui peuvent déstabiliser la région accentuent aussi cette nécessité. De plus, forte de nombreuses ressources naturelles, la région est une régions stratégique pour l’Europe qui cherche à assurer ses approvisionnements.