L' Amérique :
puissance du Nord, affirmation du Sud
Consignes :
- Lisez le cours à l’aide du site internet (castetssabine.weebly.com) sur lequel se trouvent les documents relatifs au chapitre.
- Cherchez les définitions* en gras et italique, notamment à l’aide de votre manuel.
- Annotez des questions à poser lors du cours de reprise.
Introduction
* Chiffres :
- Superficie de plus de 42 millions de km², c'est le deuxième continent de la planète (après l’Asie), couvrant 8,3 % de la superficie totale et 28,2 % des terres émergées.
- Environ 13,5 % de la population mondiale avec plus de 950 millions de personnes.
* Le continent américain se caractérise par de très fortes disparités de richesse et de développement :
- Le Nord : Canada, Etats-Unis qui constituent une des trois grandes aires de puissance (Cf. ch. précédent)
- Le Sud (Amérique latine) en développement marqué également par une grande diversité.
* Toutefois, cette opposition est atténuée par la mise en place d’associations régionales de coopération qui cherchent à intégrer les Etats du continent dans son ensemble, mais sous la domination économique des Etats-Unis (ALENA = Accord de libre-échange nord-américain, projet de la ZLEA= Zone de libre-échange des Amériques), ce qui provoque en réaction des associations économiques rivales comme le Mercosur.
Ainsi, les tensions restent multiples, avec toujours l’idée de l’hégémonie étatsunienne qui se profile sur le continent entier.
* Cette domination de la superpuissance est contestée par l’émergence du Brésil à l’échelle régionale et mondiale : deux géants désormais sur le même continent, animés tous deux par la volonté de défendre leurs intérêts. Les dynamiques régionales des deux Etats reflètent leur puissance respective.
Problématique : en quoi la mondialisation redéfinit-elle les rapports Nord/Sud sur le continent américain ?
I. Le continent américain : entre tensions et intégration
A. Deux Amériques : un continent aux multiples contrastes.
1. Des inégalités de richesse et de développement.
Source : Manuel Nathan TS, 2014
À l’aide d’exemples, montrer qu’il existe :
- Des inégalités de richesse à l’échelle du continent américain.
- Des inégalités de développement à l’échelle du continentale.
=> Les inégalités de richesse et développement sont criantes entre :
- Une Amérique du Nord riche et développée.
- Une Amérique latine du Mexique au Cône de sud (membres du Mercosur) = des pays au statut intermédiaire (producteurs et exportateurs de matières premières, de matières agricoles ou pays ateliers).
- : en Amérique latine, la pauvreté se discerne à plus grande échelle au travers de la dualité villes-campagnes et au sein des grandes agglomérations.
- Quelques États souffrent encore de graves retards (Haïti, Nicaragua, Bolivie, Paraguay).
- Un seul pays cependant est classé dans les PMA: Haïti => Ce retard de développement est autant dû à retards structurels, aux conséquences des dictatures et des difficultés à faire face aux multiples catastrophes naturelles qui touchent régulièrement l’île.
-
Le palais présidentiel suite au séisme de 2010
2. Des contrastes culturels.
* Opposition Amérique du Nord Anglo-saxonne protestante et Amérique latin catholique. Cette opposition s’explique par l’héritage colonial : au XVIe siècle, les Européens ont colonisé l'Amérique :
- Les Espagnols ont colonisé le Mexique jusqu'à la Terre de Feu
- Le Portugal : le Brésil, terre de métissage total (pops africaines et européennes, culture Portugaise, syncrétisme religieux...).
- Les îles britanniques : l'Amérique du Nord.
- La France et les Pays Bas : différents territoires d'Amérique du Nord (du Québec à la Louisiane pour les Français ; présence plus diffuse des Néerlandais).
* Cette opposition culturelle est à nuancer car :
- L’American way of life s’est largement diffusé en Amérique latine. Exemple : l’Argentine a été le pays choisi par Coca-Cola pour tester le nouveau CocaCola-Life !
- Les Etats-Unis se sont ouverts à d’autres cultures : aujourd’hui, pour décrire la société américaine, on ne parle plus de melting pot*, mais de salad bowl*.
Le melting pot selon Benett, in Culture, 22 juin 2008
Les quatre documents ci-dessous sont extraits d'un article de Jim Cohen et Philip S. Golub, 5 juillet 2011, "États-Unis, vers une société post-européenne" que vous pouvez consulter en cliquant ici.
Les quatre documents ci-dessous sont extraits d'un article de Jim Cohen et Philip S. Golub, 5 juillet 2011, "États-Unis, vers une société post-européenne" que vous pouvez consulter en cliquant ici.
=> Graphique présentant l’évolution de la population américaine de 1950 à 2050 :
- Quelle population a connu l’évolution la plus importante de 1990 à aujourd’hui ?
- Quelle population connaîtra la croissance la plus importance d’ici 2050 ?
=> Cartes présentant la distribution géographique de la population blanche, noire et hispanique :
- Où cette population est-elle majoritairement répartie ?
- D’après vos connaissances, expliquez les raisons de la répartition de ces populations ?
B. Un continent aux multiples tensions.
1. L’opposition aux Etats-Unis.
* Les Sud-Américains sont unanimes pour dénoncer l’hégémonie des Etats-Unis sur le Sud. Celle-ci a été réalisée en plusieurs étapes :
- En 1823, le Président américain James Monroe établit une doctrine (doctrine Monroe*) qui guidera la politique internationale américaine pendant presque un siècle : c'est la doctrine du "chacun chez soi" => les Européens ne doivent plus intervenir sur le continent américain (nord et sud) alors que les Etats-Unis se tiennent à l'écart des affaires européennes. De fait, les EU chercheront alors à contrôler politiquement tout le continent (leur « chasse gardée »).
=> Caricature sur la doctrine Monroe :
- Expliquez cette phrase : « la doctrine Monroe » est la doctrine du « chacun pour soi ».
- Contexte de guerre froide :
- Mais les Etats-Unis subissent des revers comme la prise de pouvoir en 1959 de Fidel Castro à Cuba.
- Durant les années 1970-1980, ils changent donc de méthode, en favorisant directement la prise de pouvoir de dictateurs alliés pour "écarter le risque communiste" = coups d'États montés par la CIA comme en 1973 au Chili (le président Allende, socialiste, éliminé pour que le dictateur Pinochet, allié des Américains, puisse prendre le pouvoir).
- Aujourd’hui :
- Les Etats-Unis s’octroient un droit d’intervention si leurs intérêts sont en jeu : lutte contre le narcotrafic en Colombie. La DEA Drug Enforcement Adminstration a des bureaux sur tout le continent. => considéré comme de l’impérialisme parfois.
* Les Etats-Unis ont pour projet de créer une ZLEA (Zone de libre-échange des Amériques, mais face à l’hostilité de certains pays, ce projet semble compromis. De plus, Chavez a créé avec d’autres nations (Cuba, Bolovie, Nicaragua…) l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les Amériques) = organisation politique, culturelle, sociale et économique pour promouvoir l'intégration des pays de l'Amérique latine et des Caraïbes.
=> Carte « L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud » (Source : manuel Nathan Tle S, 2014) :
- Quels sont les pays membres de l’ALBA ?
2. Les conflits sur le continent américain.
* Aujourd’hui, les conflits sont rares sur le continent américain.
- Le dernier conflit frontalier a eu lieu entre le Pérou et l’Equateur en 1995.
- Négociations entre le gouvernement colombien et le FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) pour mettre fin à la guérilla.
* Il existe des tensions liées aux différentes ressources que possède le continent :
- Les violences les plus fréquentes sont liées narcotrafic, notamment en ville (Mexique, Salvador, Brésil)
* Il existe des tensions liées aux différentes ressources que possède le continent :
- Pétrole : tensions entre le Canada et les Etats-Unis.
- L’Argentine réclame toujours les Malouines aux eaux poissonneuses.
C. Coopération et intégration* sur le continent américain.
* Depuis 1994, face à l'intégration croissante des Etats Européens (UE 1992), les Etats-Unis tentent de mettre en place une organisation regroupant économiquement toute l'Amérique latine : c'est la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA*). Le projet n'aboutit pas : les États d'Amérique latine craignent pour leur indépendance (l'organisation serait largement dirigée par les Etats-Unis, au contraire de l'UE, "multipolaire").
* Cependant, le projet est déjà mis en place à l'échelle de trois pays : EU, Canada, Mexique : ALENA *(Accord de Libre-Echange Nord Américain) depuis 1994.
- Cet accord autorise la libre circulation des marchandises et des flux d'argent (EU/Canada peuvent investir facilement au Mexique), mais exclut les flux de personnes (crainte de l'immigration latino aux Etats-Unis).
- Organisation déséquilibrée au profit des Etats-Unis :
- D’un côté les entreprises des Etats-Unis (et du Canada) investissent librement au Mexique, tout se prémunissant de l’immigration mexicaine. Les Etats-Unis reçoivent plus de 75% des exportations canadiennes et mexicaines (ressources énergétiques, produits industriels issus de filiales d’entreprises américaines implantées dans ces pays).
- De l’autre, le Mexique moins développé (son PIB ne représente que 6% de celui des Etats-Unis !) a choisi d’arrimer son économie à celle de ses puissants voisins du Nord, au risque de fragiliser ses liens traditionnels avec son aire culturelle du Sud => Le Mexique est devenue une « Etat-vassal » des Etats-Unis.
* L'Amérique latine a aussi mis en place sa propre organisation régionale, le MERCOSUR*, créé en 1991.
=> Carte « L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud » (Source : manuel Nathan Tle S, 2014) :
=> Carte « L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud » (Source : manuel Nathan Tle S, 2014) :
- Quels sont les pays membres du MERCOSUR ?
C’est une zone de libre-échange et d'union douanière. Cependant cette intégration reste encore très inégale, et ce sont surtout les "gros" États (Brésil, Argentine) qui en tirent profit, par exemple en délocalisant leurs usines dans les pays plus pauvres. Cependant des structures communes sont en projet, notamment dans les communications (axe routier continental).
* Dans l’isthme centraméricain et les Caraïbes coexistent plusieurs organisations économiques comme le Marché commun centre-américain (MCCA) qui regroupe le Costa Rica, le Salvador, le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua. Mais ces organisations sont fragiles et l’économie de ces Etats est polarisée par les Etats-Unis avec lesquels ils ont signé des accords de libre-échange.
II. Etats-Unis, Brésil : des puissances rivales ?
A. Deux puissances économiques et financières.
=> Les Etats-Unis dominent l’économie mondiale, mais le Brésil s’affirme comme puissance émergente.
* Dans l’isthme centraméricain et les Caraïbes coexistent plusieurs organisations économiques comme le Marché commun centre-américain (MCCA) qui regroupe le Costa Rica, le Salvador, le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua. Mais ces organisations sont fragiles et l’économie de ces Etats est polarisée par les Etats-Unis avec lesquels ils ont signé des accords de libre-échange.
II. Etats-Unis, Brésil : des puissances rivales ?
A. Deux puissances économiques et financières.
=> Les Etats-Unis dominent l’économie mondiale, mais le Brésil s’affirme comme puissance émergente.
Podcast sur la crise politique et économique au Brésil à partir de 2015.
B. Deux positionnements différents sur la scène internationale.
* Les Etats-Unis jouent toujours un rôle mondial majeur grâce au hard power* : influence dans les instances internationales (ONU, FMI, OMC), influence économique, militaire avec des flottes US sur tous les océans du monde, réseau d’alliances (OTAN) = gendarmes du monde. Leur modèle politique et économique exerce un pouvoir de séduction inégalé appelé soft power* : c’est l’image positive renvoyée par les EU, l’american way of life On parle même de net power pour qualifier leur puissance médiatique (Internet, FTN de divertissement telles que Disney, AOL Time-Warner…).
* Le Brésil ne possède pas une telle influence : il n’est pas membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, n’est pas une puissance militaire capable de se projeter en dehors du continent. Cependant, il apparait comme un contrepoids à l’impérialisme étatsunien à l’échelle du continent (MERCOSUR) et est un des leaders des BRICS ou puissances émergentes : membre du G20, sa voix défend les intérêts des pays du Sud, même si ses voisins dénoncent un néo-impérialisme brésilien (Argentine, Bolivie) à cause des IDE dans ces pays.
C. Deux pays critiqués à différentes échelles.
* Critique mondiale :
- Impérialisme des USA parfois dénoncé, même si B. Obama a opéré un repli des différents déploiements militaires pour améliorer l’image. Politique extérieure de Trump critiquée aussi (reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël) / Le Brésil tente de s’imposer sur la scène américaine.
- Dette : USA 106% de leur PIB / Brésil 70% de son PIB.
- Atteinte à l’environnement : même critique à cause de leur agriculture productiviste : OGM, intrants chimiques.
* Critique nationale :
- Taux de pauvreté : USA = environ 13% en 2017 / Environ 7% en 2014 au Brésil contre environ 25% en 2004 => la Bolsa Familia* au Brésil a permis de réduire par 2 le nombre de pauvres de puis 1990, mais toujours des inégalités très importantes : riches+++, classes moyenne en essor dans les années 2000 et pauvres +++ => inégalités visibles dans l’espace (gated community* et favelas) = inégalités socio-spatiales. Le cas des paysans sans-terre brésiliens empoisonnent toujours la vie locale dans les régions rurales, et alimente la violence.
Favela de Moinho à Sao Paulo (source : Ladocumentationfrançaise)
- Crise politique : Trump a fait l’objet d’une pétition de plus d’un million de personnes pour lancer une procédure d’impeachment* : voir article du Monde en cliquant ici. / Au Brésil, vaste scandale de corruption « Lava Jato » qui éclate en 2014 et qui touche le gouvernement de Dilma Roussef : voir article du Monde en cliquant ici.
* Critique locale : problème des minorités : le racisme est un phénomène commun, avec des logiques de repli : les gated communities ne sont plus une marque des pays du Nord mais se retrouvent aussi au Brésil. Cette violence, parfois au-delà du symbolique, répond à une violence réelle dans certaines villes : Rio, Recife, mais aussi Charlottsville aux Etats Unis (voir article du Figaro en cliquant ici)
III. Les dynamiques territoriales des Etats-Unis et du Brésil.
A. Les fondements des dynamiques territoriales.
1. Des Etats-continents riches en ressources.
* Aux Etats-Unis et au Brésil, la conquête du territoire s’est fait à partir du littoral atlantique et a progressé vers l’intérieur. Les deux pays ont été peuplés à partir de fronts pionniers*.
=> Résultats :
- Superficie : Etats-Unis = environ 9,5 millions de Km2 soit 17 fois la France (4ème rang mondial après la Russie, le Canada et la Chine) / Brésil = 8,5 millions de Km2, soit 15 fois la France.
- La maîtrise du territoire :
- Assurée pour les Etats-Unis avec le réseau de transports et de télécommunications le plus vaste et le plus complet du monde.
- Encore inachevée au Brésil où elle suit un gradient décroissant du sud-est vers le nord-ouest. La création de Brasilia en 1960 a stimulé la mise en valeur de l’intérieur du territoire pas une politique d’aménagement ambitieuse (route transamazonienne, grands barrages hydroélectriques). Aujourd’hui, l’Etat cherche à rééquilibrer le territoire et à affirmer la souveraineté du Brésil sur l’Amazonie => cette mentalité pionnière nourrit la représentation d’un pays dynamique, toujours en marche.
- Dans les deux pays, la conquête du territoire a engendré des dégradations de l’environnement => Mise en place de politique de protection (création des parcs naturels aux Etats-Unis, Yellowstone en 1872).
* Ressources agricoles importantes avec de très vestes surfaces agricoles => gros producteurs de blé, soja et viande.
Ressources minérales aussi importantes (fer, 2ème producteur de charbon pour les Etats-Unis), énergétiques (hydrocarbures : Etats-Unis 3ème producteur de pétrole et 2ème de gaz).
Les énergies renouvelables sont aussi importantes : hydroélectricité (4ème producteur pour les Etats-Unis), solaire dans l’Ouest des Etats-Unis.
2. Des potentiels humains.
* Deux géants démographiques à l’échelle continentale, mais aussi mondiale :
- Brésil : environ 200 millions d’habitants.
- Etats-Unis : environ 310 millions d’habitants.
* Population jeune :
- 25% de la population du Brésil a moins de 25 ans.
- 20% de la population des Etats-Unis a moins de 25 ans.
* Accroissement de la population important :
- Croissance naturelle : environ 0,5%/an aux Etats-Unis et 1%/an pour le Brésil.
- Immigration importante, surtout aux Etats-Unis (solde migratoire d’environ 1 millions de personnes par an) : main d’œuvre peu qualifiée, mais aussi brain drain.
* Densités moyennes assez faibles (33,7% aux Etats-Unis et 23,3% au Brésil), et un peuplement est très inégal. La population est très majoritairement urbaine : taux d’urbanisation supérieurs à 80%
- Etats-Unis : les villes de la Sun Belt sont celles qui connaissent la croissance la plus rapide (Phoenix, Dallas, Las Vegas, Miami).
- Brésil : les villes du Nord et de l’Ouest sont celles qui connaissent la croissance la plus rapide (Manaus, Fortaleza, Brasilia)
=> La métropolisation (concentration des hommes et des activités) fait converger les modèles urbains américain et brésilien : les villes brésiliennes ressemblent de plus en plus aux villes américaines avec la présence notamment d’un CBD.
B. Une organisation territoriale tripartite
=> Cette partie est rédigée sous la forme correspondant à la composition.
1. Le Brésil
Le cœur économique du Brésil est constitué par la région du Sudeste qui concentre 70% de la production industrielle du pays. S’y situe aussi l’agglomération de Sao Paulo, métropole qui constitue le centre d’impulsion et financier de 20 millions d’habitants. La zone que constitue Sao Paulo et les villes de Belo Horizonte et Rio de Janeiro est parfois surnommée le « triangle utile » du Brésil, concentrant les plus fortes dynamiques d’intégration à la mondialisation.
Par opposition, le Brésil présente des périphéries plus ou moins intégrées. Si le Sud s’intègre par sa proximité au cœur économique, le Centre-Ouest connaît une intégration assez rapide par le développement d’une agriculture productiviste à destination du marché international (soja, agrocarburants). A contrario, le Nordeste constitue une région profondément en crise, d’où est d’ailleurs parti le mouvement des sans-terre. Les désastres écologiques s’y multiplient, sans que des solutions durables ne parviennent à lutter contre la pauvreté.
L’Amazonie reste le grand « espace en devenir » du Brésil : le peuplement y est très faible, mais les dynamiques à l’œuvre se retrouvent souvent au premier plan des réunions internationales (déforestation, avenir des populations amérindiennes…). Il faut donc voir dans l’Amazonie un espace peu intégré économiquement dans la mondialisation, mais paradoxalement un symbole mondial de certaines dérives de l’ultralibéralisme.
Ces différentes zones connaissent des dynamiques particulières qu’il est bon de maîtriser. Par exemple le centre du pays a connu un réinvestissement de l’Etat avec l’implantation de Brasilia, nouvelle capitale administrative. Cela avait pour objectif de rééquilibrer le développement et la mise en valeur du territoire, pour ne pas le laisser concentrer sur les littoraux. Cette politique est un semi-échec.
Les dynamiques du territoire peuvent s’envisager à partir du développement des axes de communications mis en place et en projet. Ceux-ci doivent assurer la maîtrise du territoire, un territoire pour part encore largement « sauvage », ou plutôt envisagé comme tel. Ainsi si le littoral semble bien desservi, la Transamazonienne est un projet qui date des années 1970 : sur plus de 4200km elle est censée rejoindre le Brésil côtier au Pérou. Sa construction a soulevé des protestations d’ordre écologique, et son utilité reste aujourd’hui contestée. Elle n’est encore que partiellement goudronnée.
Au contact de ces autoroutes, mais surtout du réseau routier informel au sein de la forêt, se développe des fronts pionniers agricoles : ce sont les premiers espaces de la mise en culture de la forêt amazonienne par de petits paysans, souvent sans titres de propriété. Quelques années plus tard, ces petits paysans sont expropriés par des agriculteurs de plus grande ampleur, propriétaires de latifundias (grandes propriétés agricole). Ceux-ci mettent alors en place une déforestation systématique pour une mise en culture. Celle-ci se fait souvent sous la forme d’un élevage extensif (les bêtes finissent de déforester la zone), avant des plantations de grande ampleur destinées aux marchés internationaux. (Vous pouvez voir Le Marché de la faim à ce sujet).
A noter enfin que quelques mines font tourner l’économie, notamment au Nord de Belo Horizonte.
Le pays s’insère à la fois dans la région (Amérique du Sud) et au niveau mondial, assumant (ou revendiquant) le rôle de puissance émergente. Ainsi le Brésil est un pilier du Mercosur, entretenant des relations économiques étroits avec ses voisins comme l’Uruguay, le Paraguay et l’Argentine. Le pays s’insère aussi par les flux de populations. Ceux-ci peuvent être internes, notamment l’exode rural depuis le Nordeste vers les centres urbains du Sudeste, mais aussi vers cette zone « à conquérir » que constitue l’Amazonie. Aux frontières amazoniennes de l’Argentine, du Brésil et du Brésil, les trafics sont nombreux, loin d’être tous légaux. La ville de Ciudad del Este au Paraguay (sur la frontière brésilienne) est ainsi une plaque tournante des mafias mondiales pour l’Amérique du Sud.
L’insertion mondiale se fait en particulier par la façade maritime du Sudeste. Les flux financiers et IDE qui se dirigent vers le « triangle utile », en provenance des Etats-Unis ou de l’Union Européenne ne cessent d’augmenter, prouvant l’intégration continue du Brésil dans le processus de mondialisation.
2. Les Etats-Unis
Le territoire américain, vaste et si diversifié dans ses composantes, semble s’articuler selon un modèle « centre et périphéries ». A l’échelle nationale, le Nord-Est des Etats-Unis constitue le cœur de la puissance économique et un important foyer de peuplement. En son sein, se situe la Mégalopolis, hyper-centre américain du cœur universitaire de Boston à la centralité politique de Washington, en passant par New York et sa puissance économique. Le Nord-Est n’est pas le seul espace moteur des Etats-Unis contemporains : le développement d’une nouvelle économie basée sur le pétrole puis les hautes technologies a permis de développer le Sud des Etats-Unis. C’est l’espace de la Sun, Belt, lui-même polarisé par quelques points d’appui comme la Silicon Valley ou les installations de la Nasa en Floride. Le centre des Etats-Unis se divise en deux : à l’Est les grandes plaines agricoles, vers l’Ouest l’espace des Rocheuses peu intégré encore.
Territoire très urbanisé, les Etats-Unis sont organisés par un dense réseau de métropoles de différents niveaux. Les villes mondiales concentrent toutes les fonctions de commandement, quand certaines métropoles sont avant tout des centres de décisions régionaux, comme Dallas au Texas, Seattle pour le Nord-Ouest ou Atlanta dans le « Vieux Sud ». Ces métropoles tendent elle-même dans certains espaces à former de véritables mégalopoles, encore en formation sur le modèle de celle du Nord-Est. On retrouve ce phénomène de la Californie (San Francisco-Los Angeles) ou au Texas pétrolier (Houston-Dallas).
A ces centres répondent des périphéries plus ou moins intégrées, selon les spécificités locales. Ainsi le « Vieux Sud », celui des plantations esclavagistes du XVIIIe-XIXe siècle connaît une seconde jeunesse avec des délocalisations. L’Ouest des Etats-Unis, dernier territoire intégré lors de la conquête finale de la Frontier, connaît une intégration très inégale : peu peuplée, la région s’articule autour de points forts comme Salt Lake City qui a accueilli les JO d’hiver, ou quelques grandes fermes exportatrices. L’Alaska, territoire américain du Nord, se révèle être très peu peuplé, mais au cœur des enjeux économiques et industriels : la ressource pétrolière est la ressource principale, qui n’est pas, sans poser des questions d’ordre environnemental. (Un bon exemple des enjeux est présenté dans le webdocumentaire Fort McMoney portant sur une ville canadienne). Enfin certaines régions américaines profitent de leurs attraits touristiques pour se développer et s’intégrer au processus de mondialisation : Hawaï en est un bon exemple.
Ces territoires sont organisés autour de fonctions particulières. Celles-ci s’articulent autour de pôles, reliés par des flux selon un principe bien connu. Ainsi les places financières (Chicago, New York) sont des pôles boursiers de niveau mondial. Par ailleurs des technopôles voient le jour : ce sont des régions où se côtoient grandes universités, entreprises de haute
technologie et volonté politique de soutien à l’activité économique de haut niveau. Si la Silicon Valley en est l’exemple le plus connu, les recherches
menées au Massachusetts Institute of Technology de Boston sont au cœur d’un « écosystème de la haute technologie ». De même cela se retrouve autour des technologies pétrolières à Dallas. Un technopôle dynamique est constitué autour d’Atlanta, c’est la Metrolina, regroupant 50 000 emplois de haut niveau autour des hautes technologies. Parfois la géographie physique offre localement des ressources, notamment minières ou pétrolières (Alaska, Golfe du Mexique) ; perspectives récemment renouvelées par l’attrait des « gaz de schiste » dans le Grand Ouest.
Ces différents pôles sont fortement intégrés par un dense réseau de communication. De part la taille, les Etats-Unis ont d’abord vu une conquête des transports par le rail, avant que les autoroutes ne le remplacent. L’avion est un moyen rentable pour se déplacer, pour relier les deux façades océaniques d’un même pays. Ainsi certaines villes se révèlent être des hubs aéroportuaires : ce sont des plateformes de redistribution des flux. Atlanta (Harthsfield-Jackson), Dallas et New York (JFK et La Guardia) se comptent parmi les plus grands aéroports du monde. Les Etats-Unis connaissent aussi une florissante activité fluviale, surtout à l’Est avec le réseau du Mississipi, relié aux Grands Lacs puis au Saint-Laurent, et donc à l’Océan Atlantique Nord. Enfin, le rêve américain se révèle bien souvent sous la forme d’une route, comme la mythique Road 66 qui a inspiré plus d’un écrivain à la recherche d’un sens à sa vie (J. Kerouac, On the road, 1957) ou rocker français (Eddy Mitchell, Sur la route 66)… Les autoroutes relient aujourd’hui largement les villes de tout le pays, laissant circuler les immenses trucks, autres symboles américains.
Cette structuration nous offre en réalité une image de l’intégration des Etats-Unis au phénomène de la mondialisation. Cette dynamique est à la fois interne au continent américain et externe à celui-ci. A l’interne, les flux relient fortement les 3 pays de l’ALENA : par exemple le couloir fluvial depuis Montréal relie Toronto, Chicago et Houston. Les populations des Etats-Unis ne sont pas fixes, mais caractérisées par d’assez fortes mobilités. Ainsi les flux internes semblent avoir pour provenance majoritaire le Nord-Est des Etats-Unis, et se diriger vers la Sun Belt. Cela peut s’expliquer par le dynamisme économique bien sûr, mais aussi pour partie par l’héliotropisme. Par exemple Sun City en Arizona compte environ 40 000 habitants, pour une moyenne d’âge de 75 ans, et aucune école : c’est une ville construite pour les retraités dans un cadre ultra-sécurisé au soleil. A ces flux internes répondent des flux de migrations internationales : si le brain drain en provenance du monde entier n’est pas à ignorer, en terme de quantité ce sont les migrations latino-américaines qui sont les plus importantes. Elles forment un contingent de main d’œuvre bon marché notamment pour l’agriculture californienne ou texane. (A ce sujet voir le film Trois enterrements par T. Lee Jones). Cette population est aujourd’hui au cœur des enjeux de la politique intérieure, puisque si les parents ne sont pas citoyens, leurs enfants nés aux Etats-Unis le sont : cela pose la question des expulsions des immigrants illégaux, qui font tourner une partie de l’économie américaine. Par ailleurs, le poids politique des Latinos pèse de plus en plus dans les résultats des élections (en 2012, B. Obama reçoit 70% des voix des Latinos). Cette main d’œuvre parvient jusqu’aux Etats-Unis, ou est employé côté mexicain de la frontière dans les nombreuses
maquiladoras (usines proches de la frontière, exemptée en partie des droits de douane).
Enfin, l’intégration à la mondialisation se fait par des liens hors du continent américain. Ces échanges se concentrent vers les aires de puissances partenaires (et concurrentes) : c’est la diffusion du soft power américain qui semble battre la mesure de la musique de la mondialisation. Ces échanges se matérialisent sur le territoire américain dans le cadre des interfaces maritimes majeures, les façades maritimes. Trois peuvent être distinguées. La première se situe le long de la côte californienne qui n’est pas réservée aux surfers : de Long Beach (port de Los Angeles) à San Francisco les plus gros navires du monde permettent à l’Etat californien, qui représenterait en termes d’économie la 12e puissance mondiale, d’être un acteur majeur de la mondialisation. Au Sud des Etats-Unis, le Golfe du Mexique est un lieu d’échange majeur d’hydrocarbures de Corpus Christi à Houston. La dernière des façades maritimes est évidente : la Mégalopolis du Nord-Est connaît une ancienne et large ouverture sur le monde : du Saint-Laurent à Norfolk au Sud de Washington. Toutes ces façades maritimes profitent il est vrai de l’hinterland le plus riche du monde.
Autre possibilité de plan :
B. Des organisations territoriales tripartites => Voir croquis.
C. A plus grandes échelles, les métropoles et les interfaces reflètent la puissance de ces Etats => voir croquis.
Conclusion
* La mondialisation entraine des évolutions du rapport de force entre les pays du continent américain. Ainsi, si l’Amérique du Nord reste dominante, elle est concurrencée par le Sud qui s’affirme.
* A l’échelle continentale, la superpuissance américaine doit désormais faire face au Brésil qui s’affirme en tant que puissance émergente sur la scène internationale.
* À l’échelle nationale, les métropoles et les littoraux des Etats-Unis et du Brésil, espaces au cœur de la mondialisation, sont les espaces les plus dynamiques.